Télétravail : êtes vous sûr de travailler en toute sécurité ?
- / Anaïs Rabet
Depuis la crise sanitaire, le télétravail s’est durablement installé dans les habitudes de nombreuses entreprises, transformant le domicile en véritable lieu de travail. Si cette nouvelle organisation apporte flexibilité et confort, elle soulève aussi de nouvelles questions en matière de sécurité, de santé et de conditions de travail. En effet, contrairement aux bureaux traditionnels, les logements des salariés ne sont pas soumis aux mêmes normes de prévention et de protection.
Travailler à distance, parfois plusieurs jours par semaine, depuis un logement potentiellement vétuste ou mal entretenu, expose à des risques invisibles. La présence d’amiante dans les matériaux, de plomb dans les peintures anciennes, une mauvaise isolation thermique ou encore un taux élevé de radon peuvent affecter la santé des télétravailleurs. Sans oublier l’impact d’une mauvaise ventilation ou d’une qualité de l’air intérieur dégradée, souvent aggravée par une utilisation prolongée d’équipements informatiques (écran, ordinateur, ondes, chaleur, etc.).
Dans ce contexte, la question du diagnostic immobilier prend tout son sens. Ce n’est plus uniquement une obligation réglementaire lors d’une vente ou d’une location : il devient un outil de prévention et de gestion des risques dans le cadre du télétravail. Les employeurs comme les employés ont intérêt à s’assurer que le lieu de travail à domicile est sain, sécurisé, et conforme aux exigences de sécurisation des données, mais aussi du bien-être au travail.
Télétravail à domicile : un cadre professionnel sans contrôle ?
Dans un bureau d’entreprise, la sécurité des salariés est encadrée par une multitude de règles strictes : conformité électrique, ventilation, éclairage, équipements ergonomiques, accessibilité, dispositifs de prévention des risques… Ce cadre professionnel est pensé pour limiter les dangers et garantir des conditions de travail optimales. Chaque lieu de travail fait l’objet d’une organisation rigoureuse, dans le respect des obligations légales et des recommandations des organismes compétents.
À l’inverse, le domicile, devenu un espace de travail pour des millions de télétravailleurs, échappe à ces contrôles. Pourtant, les risques existent bel et bien. Le salarié peut passer huit heures par jour dans une pièce mal ventilée, mal isolée, exposée à des substances toxiques ou à une mauvaise qualité de l’air. Sans intervention extérieure, aucun contrôle ne vient évaluer si ce lieu de télétravail est véritablement adapté à une activité professionnelle.
Cette organisation du travail hybride, mêlant présentiel et télétravail, nécessite donc une révision des pratiques : faut-il envisager des audits à domicile ? Faut-il accompagner les salariés dans l’évaluation des risques liés à leur habitat ? C’est là que l’expertise des professionnels du diagnostic immobilier peut jouer un rôle clé, en identifiant les potentielles sources de danger au sein même du cadre privé.
Les risques immobiliers méconnus pour les télétravailleurs
Présente dans de nombreux matériaux de construction jusqu’à son interdiction en 1997, l’amiante reste aujourd’hui un risque majeur dans les bâtiments anciens. Lors de travaux, de perçages, ou même avec le temps, les fibres peuvent se libérer dans l’air. Leur inhalation provoque des maladies respiratoires graves (asbestose, cancers pulmonaires). Un télétravailleur installé dans une pièce contenant de l’amiante dégradée est exposé sans le savoir à un danger réel, et persistant.
Les logements construits avant 1949 peuvent encore contenir du plomb dans les peintures murales. Si ces peintures se dégradent, des particules peuvent être ingérées ou inhalées, provoquant une intoxication au plomb, ou saturnisme. Ce risque est amplifié si le lieu de télétravail est une pièce peu rénovée, où le salarié passe de longues heures au contact de surfaces contaminées.
Le radon est un gaz naturel radioactif issu de la désintégration de l’uranium présent dans certaines roches. Il s’infiltre dans les bâtiments via les fissures ou les caves, notamment dans les zones géologiques à risque (Massif Central, Bretagne, Vosges…). Peu connu, ce gaz est pourtant classé cancérigène par l’OMS. Télétravailler dans un logement mal ventilé, dans une région concernée, expose à un risque sanitaire accru sans aucun symptôme visible immédiat.
🌧️ Humidité et moisissures : un air nocif au quotidien
Une pièce humide mal ventilée peut entraîner l’apparition de moisissures, dont les spores affectent la qualité de l’air intérieur. Les conséquences sur la santé sont multiples : asthme, rhinites, fatigue chronique. Pour un télétravailleur travaillant dans un espace clos sans diagnostic préalable, ces effets peuvent se faire sentir rapidement, impactant sa productivité autant que son bien-être.
🌡️ Isolation thermique défaillante : fatigue, inconfort, troubles cognitifs
Dans les passoires thermiques, l’hiver rime avec froid persistant, et l’été avec chaleur excessive. Une mauvaise isolation thermique affecte la concentration, augmente la fatigue, et peut même provoquer des troubles musculo-squelettiques. Ce risque est souvent sous-estimé, mais il a un impact direct sur l’efficacité professionnelle et la santé mentale du salarié.
💨 Ventilation insuffisante : un air vicié aux effets insidieux
Enfin, une ventilation inefficace aggrave l’accumulation de polluants intérieurs (CO2, COV, poussières, humidité). Dans un contexte de télétravail, cela peut provoquer migraines, irritations, somnolence et baisse de la concentration. Là encore, sans diagnostic immobilier préalable, ces désagréments passent souvent inaperçus, alors qu’ils affectent profondément les conditions de travail.
Quels diagnostics immobiliers pour un logement sain ?
Travailler de chez soi, c’est bien. Travailler dans un logement sain, c’est mieux. Pour garantir un environnement de travail sécurisé et préserver la santé des télétravailleurs, certains diagnostics immobiliers sont essentiels. Bien qu’ils ne soient obligatoires que dans des contextes de vente ou de location, ils représentent une source précieuse d’informations pour évaluer la qualité et la sécurité du lieu de télétravail.
Voici les principaux diagnostics à considérer pour prévenir les risques et assurer des conditions de travail optimales à domicile :
Le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique)
Ce diagnostic immobilier renseigne sur la consommation énergétique du logement et son impact environnemental. Un mauvais classement (F ou G) peut indiquer une isolation thermique insuffisante, entraînant froid, surchauffe et inconfort… autant de facteurs nuisibles à la concentration et au bien-être du télétravailleur.
Le diagnostic amiante
Obligatoire pour les logements construits avant 1997, ce contrôle permet de détecter la présence d’amiante dans les matériaux. En cas de dégradation ou de travaux, les fibres d’amiante peuvent se disperser dans l’air, provoquant des troubles respiratoires graves.
Le diagnostic plomb (CREP)
Indispensable pour les bâtiments construits avant 1949, ce diagnostic détecte la présence de plomb dans les peintures. L’exposition prolongée à des particules de plomb, même à très faibles doses, est nocive pour la santé, en particulier en cas d’inhalation ou de contact direct.
Le diagnostic électricité
Un système électrique vétuste ou non conforme représente un risque d’électrocution ou d’incendie. Le diagnostic électricité permet d’identifier les anomalies dans l’installation, les prises, les disjoncteurs, etc.
L’état de l’installation gaz
Ce diagnostic permet de vérifier la conformité de l’installation de gaz naturel (chauffage, eau chaude, cuisson). Des fuites ou dysfonctionnements peuvent entraîner des risques graves d’intoxication au monoxyde de carbone ou d’explosion.
Les mesures de qualité de l’air intérieur
Bien que non encore obligatoires dans le secteur résidentiel, certaines entreprises spécialisées proposent des mesures de la qualité de l’air (taux de CO2, particules fines, humidité, composés organiques volatils…). Un air vicié favorise les maux de tête, les allergies, la fatigue, voire des troubles respiratoires.
Comment améliorer la sécurité du poste de télétravail à domicile ?
Le télétravail s’installe durablement dans les habitudes professionnelles, mais encore trop peu de télétravailleurs disposent d’un poste de travail sécurisé à domicile. Un environnement mal adapté peut impacter la santé, le confort, mais aussi la productivité. Heureusement, plusieurs mesures simples et concrètes permettent d’améliorer la sécurité et la qualité de ce nouvel espace de travail.
1. Vérifier la conformité du logement
La première étape consiste à s’assurer que le logement dans lequel vous travaillez remplit les conditions minimales de sécurité. Cela passe notamment par la vérification :
De l’installation électrique (prise de terre, disjoncteur, surcharge)
De la qualité de l’isolation thermique (pour éviter surchauffe ou froid)
Du bon fonctionnement du système de ventilation ou de VMC
De l’absence de matériaux dangereux (plomb, amiante) ou de moisissures
Ces points sont souvent négligés dans le cadre domestique, alors qu’ils seraient impensables dans un bureau traditionnel. Un diagnostic immobilier réalisé par un professionnel peut apporter des données précises et aider à détecter des risques invisibles mais réels.
2. Créer un environnement de travail sain
Au-delà de la conformité technique, il est essentiel d’aménager un espace de travail propice à la santé physique et mentale. Cela inclut :
Une bonne aération naturelle ou mécanique : pour renouveler l’air et limiter les polluants intérieurs
La possibilité d’utiliser un purificateur d’air, surtout en cas d’allergies ou de pollution intérieure
Un mobilier ergonomique (chaise réglable, bureau adapté à la hauteur des écrans)
Une exposition correcte à la lumière naturelle, et un éclairage suffisant
Un poste de télétravail bien aménagé limite les douleurs musculaires, les troubles de la concentration et favorise un équilibre sain entre vie professionnelle et personnelle.
3. Se faire accompagner par une entreprise de diagnostic immobilier
Si vous avez des doutes sur la sécurité ou la salubrité de votre logement, ou si vous travaillez dans un bâtiment ancien, faire appel à une entreprise de diagnostic immobilier peut vous apporter une vraie tranquillité d’esprit.
Un expert pourra évaluer objectivement :
La performance énergétique du logement (DPE)
La présence éventuelle de plomb, amiante, radon ou humidité
La qualité de l’air intérieur
L’état des installations gaz et électricité
Ce type de bilan est une démarche préventive qui peut être utile tant pour les salariés que pour les employeurs, soucieux de respecter leurs obligations en matière de sécurité même en contexte de télétravail.
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