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Trois diagnostics différents pour une maison
- / Anaïs Rabet
Les diagnostics, particulièrement, le DPE est devenu un document clé dans toute vente, location ou projet de rénovation. Il informe sur la performance énergétique d’un logement et oriente les décisions des propriétaires.
Mais peut-on vraiment s’y fier ? Une récente anecdote interroge : une propriétaire obtient trois diagnostics différents pour la même maison. Un DPE classé E, deux audits classés G, et au final… une perte de confiance totale.
Ce cas soulève une question essentielle : pourquoi autant d’écarts entre diagnostics ? Et surtout, comment s’assurer qu’un DPE reflète bien la réalité ?
Dans cette vidéo, Seydi Eren, co-fondateur du groupe Diagadom, nous raconte une anecdote sur BFM Business, et fait le point sur les causes de ces incohérences et vous donne les clés pour sécuriser vos décisions immobilières.
Trois diagnostics, trois résultats, comment ?
L’histoire de cette propriétaire est loin d’être un cas isolé. Elle achète une maison classée E au DPE, et, désireuse d’améliorer la performance énergétique de son bien, commande un audit énergétique. Surprise : le logement est désormais classé G. Un second audit, commandé auprès d’une autre entreprise, confirme la mauvaise note. Pourtant, il s’agit bien de la même maison.
Pire encore, une lecture attentive des trois rapports révèle des données techniques différentes : surfaces, types d’isolation, équipements de chauffage… rien ne concorde. Une même maison, mais trois versions de la réalité.
Dans ce contexte, comment un particulier peut-il avoir confiance ? Ces divergences créent confusion, frustration, et surtout, mettent en doute la fiabilité de diagnostics censés guider des décisions cruciales : achat, rénovation, financement.
Les causes possibles de ces écarts
Plusieurs raisons peuvent expliquer de telles contradictions :
Une méthodologie mal appliquée : Le DPE repose sur la méthode 3CL, un calcul normé basé sur les caractéristiques du bâti. Si ces données sont mal relevées ou interprétées, le résultat est faussé dès le départ.
Un manque de rigueur ou de compétence : Tous les diagnostiqueurs ne se valent pas. Certains travaillent vite, voire à distance, sans vérification approfondie. D’autres ne sont pas assez formés, ou utilisent du matériel obsolète.
Des conflits d’intérêts : Quand l’audit est réalisé par une entreprise qui propose aussi les travaux de rénovation, l’objectivité peut en pâtir. Une mauvaise note peut devenir un levier commercial.
Un manque de fiabilité qui mine la confiance
Le particulier ne sait plus à qui se fier
Quand une seule maison obtient trois diagnostics contradictoires, c’est toute la chaîne de confiance qui s’effondre. Pour un propriétaire ou un acquéreur, ces écarts nourrissent un sentiment d’arnaque, d’injustice, voire d’impuissance face à un système qui semble opaque.
Chaque nouvel avis implique de nouveaux frais, sans garantie de clarté. À force de commander des diagnostics pour “vérifier le diagnostic”, le particulier a l’impression de payer pour rien. Il ne sait plus si les professionnels sont compétents, ni à quelle note ou quel document se fier pour engager des travaux ou négocier un prix.
Ce doute s’installe durablement. Il freine les projets, génère de la méfiance et, dans certains cas, pousse les particuliers à renoncer à rénover ou à investir.
Des conséquences concrètes
Les écarts entre diagnostics ne sont pas qu’un détail technique : ils ont un impact direct sur les décisions.
Une rénovation mal ciblée ou basée sur de mauvaises informations peut s’avérer inefficace, voire inutile. Par exemple, isoler les murs quand le vrai problème vient de la ventilation.
Ces erreurs entraînent des pertes financières : surcoûts de travaux, aides non obtenues, décotes injustifiées à la revente.
Enfin, la confiance dans les dispositifs publics — comme MaPrimeRénov’ ou l’éco-PTZ — est elle aussi fragilisée. Si le diagnostic de départ est douteux, pourquoi suivre les recommandations ? Pourquoi engager des milliers d’euros ?
Comment sécuriser son DPE et son audit
Face aux écarts de résultats et au manque de fiabilité constaté dans certains cas, il est essentiel de prendre des précautions. Un diagnostic bien fait, c’est la base d’un projet de rénovation réussi, d’une vente sereine ou d’un investissement sécurisé. Voici deux leviers concrets pour fiabiliser vos diagnostics énergétiques.
Choisir un professionnel certifié et indépendant
Premier réflexe : vérifier la certification du diagnostiqueur. Seuls les professionnels certifiés par des organismes accrédités (comme le COFRAC) peuvent légalement réaliser un DPE ou un audit énergétique. Le nom de l’organisme, la date de validité et le numéro de certification doivent figurer sur le rapport.
Mais la certification ne suffit pas toujours. Il est tout aussi important de s’assurer que le professionnel est réellement indépendant, c’est-à-dire sans lien avec une entreprise de travaux. En effet, si le même acteur diagnostique et rénove, la tentation peut être grande de surévaluer les besoins pour vendre davantage de prestations.
👉 Pour éviter tout conflit d’intérêts, privilégiez les diagnostiqueurs 100 % indépendants, ou passez par un réseau reconnu (notamment les plateformes agréées par l’État).
Se faire accompagner et comparer
Un bon professionnel doit être pédagogue : il vous explique sa méthode, justifie ses conclusions, répond à vos questions. Si vous recevez un DPE ou un audit avec des résultats surprenants (par exemple, une note très basse ou un écart avec un précédent diagnostic), demandez des explications claires et détaillées.
En cas de doute, faire appel à un second professionnel peut parfois être utile pour comparer les conclusions — à condition de bien vérifier son profil également.
Enfin, n’hésitez pas à faire appel à un tiers de confiance comme un Accompagnateur Rénov’ ou un expert indépendant. Leur rôle : analyser les diagnostics, valider leur cohérence, vous aider à prioriser les bons travaux et à obtenir les aides adéquates.
💡 Bon à savoir : l’accompagnement devient de plus en plus nécessaire pour bénéficier des aides publiques dans le cadre de rénovations globales.
Vers un encadrement plus strict ?
Les dérives observées dans certains diagnostics, comme l’illustre l’anecdote de cette propriétaire déboussolée par trois résultats contradictoires, ne sont pas des cas isolés. Face à ce manque de fiabilité, des voix s’élèvent pour renforcer l’encadrement de la filière. Parmi elles, la Cour des comptes, qui dans son rapport 2025, formule plusieurs recommandations claires.
Ce que recommande la Cour des comptes
Dans son rapport, la Cour pointe un double problème : une filière trop hétérogène et un contrôle encore insuffisant.
Parmi les pistes proposées :
Mieux encadrer la profession : créer une carte professionnelle pour les diagnostiqueurs, garantir leur indépendance, et clarifier les missions entre diagnostic, audit et exécution des travaux.
Renforcer la formation initiale et continue : pour garantir un haut niveau de compétence technique et réglementaire, indispensable à des diagnostics cohérents, quelle que soit la zone géographique ou le type de logement.
Créer une plateforme publique de signalement : accessible aux particuliers, elle permettrait de remonter les anomalies, incohérences ou pratiques douteuses, et ainsi de mieux surveiller la qualité des diagnostics émis.
Ces mesures visent à restaurer la confiance dans les outils de diagnostic énergétique, indispensables à toute politique de rénovation ambitieuse.
Le rôle des acteurs de confiance
En parallèle des évolutions réglementaires, certains professionnels s’engagent déjà dans une démarche plus éthique et rigoureuse.
C’est le cas :
Des experts indépendants, sans lien avec les entreprises de travaux, qui apportent un regard objectif et un vrai rôle de conseil.
Des réseaux labellisés ou certifiés, engagés dans une charte de qualité, de transparence et de formation continue.
Des Accompagnateurs Rénov’, dont la mission est d’aider les particuliers à structurer leur projet, à comprendre leurs diagnostics, et à planifier des travaux cohérents. Leur rôle n’est pas de vendre des prestations, mais de défendre l’intérêt du client.
👉 Ces acteurs constituent un rempart contre les mauvaises pratiques et permettent aux ménages de reprendre le contrôle sur leur projet de rénovation.
Conclusion
Le DPE est aujourd’hui au cœur des enjeux de rénovation énergétique. Il conditionne l’accès aux aides, oriente les travaux, et influe directement sur la valeur d’un bien immobilier. Pourtant, comme l’a démontré le cas de cette propriétaire confrontée à trois diagnostics contradictoires, sa fiabilité reste trop fragile.
En réalité, un DPE ne vaut que par la compétence du diagnostiqueur, la rigueur de la méthode appliquée et son indépendance vis-à-vis des intérêts commerciaux. Lorsqu’un seul de ces éléments fait défaut, c’est tout le projet de rénovation – et parfois la confiance du particulier – qui s’effondre.
C’est pourquoi il est essentiel de ne pas considérer ce document comme une simple formalité. Un bon diagnostic est une fondation solide : il évite les erreurs, sécurise les investissements, et oriente les efforts là où ils sont réellement utiles.
👉 Avant d’engager des travaux ou d’acheter un bien, prenez le temps de vérifier la fiabilité de votre DPE, de comprendre les résultats et, si nécessaire, de solliciter un accompagnement indépendant. C’est le meilleur moyen d’avancer sereinement vers une rénovation performante, durable… et rentable.
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