DPE : vers un Ordre national des Diagnostiqueurs ?

L’intervention de Seydi Eren sur Radio J avec Marc Ezrati, met en lumière la nécessité d’un encadrement renforcé pour des diagnostics fiables :
Un Ordre des diagnostiqueurs, une formation qualifiée, et une transparence totale via des outils publics sont, selon lui, indispensables pour offrir des diagnostics fiables, honnêtes et utiles. Une démarche qui renforcerait l’efficacité de la rénovation énergétique… et la confiance de tous.

Sommaire :

Diagnostics immobiliers : Un secteur clé… mais encore fragile

Alors que la rénovation énergétique devient une priorité nationale, les diagnostics immobiliers en particulier le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique) et l’audit énergétique jouent un rôle de premier plan. Pourtant, malgré leur importance stratégique, le secteur reste marqué par des fragilités inquiétantes qui mettent en péril la confiance du public et l’efficacité des politiques publiques.

Des diagnostics devenus incontournables

Depuis sa réforme en 2021, le DPE est devenu opposable juridiquement et obligatoire pour toute vente ou location. Il s’impose donc comme un passage obligé dans le parcours immobilier de millions de Français. Quant à l’audit énergétique, il est requis depuis 2023 pour la vente des logements classés F ou G, considérés comme des passoires thermiques.

Ces deux outils ne servent pas seulement à informer les futurs acquéreurs ou locataires. Ils sont aussi la base de calcul et d’éligibilité pour l’attribution des principales aides à la rénovation énergétique : MaPrimeRénov’, éco-PTZ, Certificats d’Économie d’Énergie (CEE)… Autrement dit, ils orientent les investissements des ménages, des professionnels et des institutions.

Des incohérences qui inquiètent

Mais cette montée en puissance s’accompagne de dysfonctionnements de plus en plus visibles. Des écarts importants de notation entre deux diagnostics sur un même bien sont régulièrement constatés, notamment entre différents DPE ou entre un DPE et un audit. Ces divergences peuvent résulter d’une application imprécise de la méthode de calcul, d’une mauvaise qualification des intervenants, ou d’un manque d’indépendance des diagnostiqueurs.

Résultat ? Des travaux de rénovation mal ciblés, des projets mal hiérarchisés et, au final, des aides publiques potentiellement mal utilisées. Le risque est double : perte de confiance des particuliers dans les dispositifs, et inefficacité des politiques climatiques, faute d’actions réellement performantes.

➡️ Sans fiabilité, le DPE ne peut remplir sa mission. Or, c’est aujourd’hui cette fiabilité encore trop variable qui pose question. Le diagnostic immobilier est un secteur stratégique… mais encore trop fragile pour porter seul les ambitions de la transition énergétique.

Les propositions fortes de Seydi Eren

Dans un contexte où les diagnostics immobiliers jouent un rôle déterminant dans les ventes, les locations et les projets de rénovation, Seydi Eren, cofondateur de Diagadom, propose une réforme en profondeur de la filière. Son objectif : restaurer la confiance des particuliers et des professionnels en instaurant des garanties claires de compétence, d’indépendance et de transparence.

Créer un Ordre national des diagnostiqueurs

Seydi Eren milite pour la création d’un Ordre professionnel, à l’image de ce qui existe chez les architectes ou les médecins. Cet organe permettrait de structurer la profession autour de règles communes et de mécanismes de contrôle.

  • Une carte professionnelle obligatoire deviendrait la condition d’exercice du métier, assurant que chaque diagnostiqueur est dûment formé, certifié, et reconnu par ses pairs.

  • L’Ordre aurait pour mission de définir une déontologie claire, garantissant l’impartialité, l’éthique, et l’objectivité des interventions.

  • Il pourrait également jouer un rôle disciplinaire, en sanctionnant les dérives ou les pratiques douteuses, ce qui reste aujourd’hui trop rare et peu transparent.

Renforcer la formation et la certification

L’une des failles majeures du secteur réside dans la formation hétérogène des diagnostiqueurs. Pour Seydi Eren, une montée en compétence est indispensable.

  • Il préconise des formations initiales plus exigeantes, axées autant sur les normes techniques que sur la pratique sur le terrain.

  • Il appelle aussi à une formation continue obligatoire, pour permettre aux professionnels de s’adapter aux évolutions constantes du cadre réglementaire, des outils et des méthodes de calcul (comme celles du DPE réformé).

  • Ce socle de compétences homogène garantirait une meilleure fiabilité des diagnostics, quels que soient les intervenants.

Instaurer une transparence des professionnels

Enfin, pour restaurer la confiance, la transparence doit devenir une norme. Seydi Eren propose donc la mise en place d’un registre public des diagnostiqueurs certifiés, accessible à tous.

  • Chaque particulier pourrait ainsi vérifier facilement les qualifications et certifications de son diagnostiqueur, ainsi que son historique.

  • Ce registre serait associé à un dispositif de signalement, permettant aux usagers de remonter des incohérences ou des comportements douteux.

  • À terme, cette transparence contribuerait à fiabiliser la filière et à écarter les acteurs peu scrupuleux ou insuffisamment formés.

🔍 En résumé, ces propositions visent à faire émerger une filière professionnelle reconnue, compétente et digne de confiance. Un enjeu clé pour que les diagnostics immobiliers

Un enjeu de confiance pour la rénovation énergétique

Alors que la transition énergétique repose en grande partie sur la rénovation du parc immobilier, la confiance dans les diagnostics est un levier central. Le DPE et l’audit énergétique ne sont pas de simples formalités : ce sont des outils de pilotage essentiels pour décider, hiérarchiser et financer les travaux. Si leur fiabilité est remise en question, c’est toute la dynamique de rénovation qui en pâtit.

Restaurer la crédibilité du DPE et de l’audit

Pour que les particuliers engagent des travaux en toute sérénité, encore faut-il qu’ils puissent se fier aux diagnostics fournis. Trop d’erreurs, d’écarts d’interprétation ou de conflits d’intérêts minent la confiance dans ces documents.

  • Un DPE cohérent, réalisé selon une méthodologie rigoureuse, est le point de départ d’un projet de rénovation efficace.

  • Un audit énergétique bien construit donne une vision claire des étapes, des coûts, et des priorités.

  • Lorsque ces outils sont fiables, les travaux engagés sont mieux ciblés, les résultats plus satisfaisants, et les litiges moins fréquents.

  • Cela permet aussi d’optimiser l’usage des aides publiques (MaPrimeRénov’, éco-PTZ, etc.), en s’assurant que les fonds sont utilisés pour des rénovations réellement performantes.

En somme, restaurer la crédibilité de ces diagnostics, c’est renforcer l’efficacité collective de la transition énergétique.

Protéger les particuliers et valoriser les pros sérieux

Aujourd’hui, trop de propriétaires ou d’acquéreurs se retrouvent démunis face à des diagnostics contradictoires. Le manque de lisibilité et d’encadrement peut générer du stress, des décisions mal avisées, voire des pertes financières.

  • Il est indispensable que les particuliers puissent se reposer sur des professionnels impartiaux, formés et indépendants, sans craindre une logique commerciale biaisée.

  • Cette confiance est d’autant plus essentielle que les investissements en jeu sont lourds (isolation, ventilation, chauffage…).

Par ailleurs, de nombreux diagnostiqueurs exercent leur métier avec rigueur, éthique et compétence. Ces professionnels méritent d’être mieux valorisés, protégés des pratiques déloyales, et reconnus comme de véritables acteurs de la transition écologique.

💡 Une gouvernance plus claire, des règles partagées et des dispositifs de transparence permettraient à la fois de protéger les ménages, de soutenir les professionnels engagés, et d’accélérer une rénovation énergétique de qualité.

Conclusion

Le diagnostic immobilier est bien plus qu’un simple document administratif : c’est une boussole pour orienter des milliers de décisions de rénovation, d’achat ou de mise en location. À l’heure où la transition énergétique devient un impératif collectif, l’encadrement de cette filière apparaît comme une urgence absolue.

Aujourd’hui, trop d’écarts, de pratiques hétérogènes, ou de diagnostics contestables sapent la confiance des particuliers. Or, sans confiance, pas de passage à l’action. Et sans action, la promesse d’un parc immobilier plus sobre et plus performant reste lettre morte.

Les propositions formulées par Seydi Eren, création d’un Ordre national, renforcement de la formation, transparence accrue, tracent les contours d’une réforme ambitieuse mais réaliste. Elles posent les fondations d’un système plus juste, plus lisible et plus efficace pour tous les acteurs.

Faire confiance au DPE et à l’audit énergétique, c’est possible. Mais cette confiance ne se décrète pas, elle se construit. Et cela passe par une filière structurée, éthique, et tournée vers l’intérêt général.

✅ Une rénovation réussie commence toujours par un bon diagnostic. À nous de garantir qu’il soit à la hauteur des enjeux.

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